Le rituximab est un anticorps monoclonal ciblant le CD20, molécule exprimée par les lymphocytes B tumoraux et normaux. Le rituximab et de manière générale les anticorps monoclonaux antiCD20 ont amélioré considérablement le pronostic des lymphomes B et font maintenant partie du traitement standard. Il est en revanche bien établi que ces traitements altèrent la réponse immunologique après vaccination et que les patients recevant ces traitements sont à très haut risque de développer une forme grave de COVID-19.
Dans cette étude* prospective promue par le CHB, réalisée en collaboration avec les laboratoires de virologie et d’immunologie du CHU de Rouen, nous avons voulu évaluer la réponse immunitaire après 3 doses du vaccin Pfizer COMIRNATY ® (BNT162b2) chez les patients atteints d’un lymphome. Les patients sélectionnés recevaient le rituximab de manière prolongée, tous les 2 ou 3 mois, dans le cadre d’un traitement dit de « maintenance » dans le but de réduire le risque de rechute.
Vingt patients ont été suivis et analysés après avoir reçu un schéma vaccinal complet. 19 d’entre eux (95%) ne produisent aucun anticorps anti-COVID à des taux significatifs, confirmant l’altération de la réponse dite « humorale » post vaccinale, impliquant les lymphocytes B. En revanche la majorité des patients développent une réponse dite « cellulaire » impliquant une autre variété de lymphocytes, les lymphocytes T, comme en témoigne la positivité du test « Elispot » dans 85% des cas.
Si ces données confirment la faible réponse humorale des patients sous anticorps anti-CD20, elles montrent toutefois une réponse cellulaire chez la plupart des patients, ce qui pourrait contribuer à les protéger significativement des formes graves de COVID. A ce jour aucun des patients n’a développé d’infection par le SARS-CoV2.
Cette étude souligne qu’il faut poursuivre les efforts de vaccination chez les patients immunodéprimés, tout en conservant les mesures barrières préventives. Des schémas vaccinaux alternatifs, combinant par exemple deux types de vaccins, un vaccin par virus entier inactivé et un vaccin à ARN, pourraient également être bénéfiques dans cette population à haut risque.
Pr Fabrice Jardin, département d’hématologie clinique et INSERM U1245, Centre Henri Becquerel.
*Article sous presse. Candon,S. et al. Dissociated humoral and cellular immune responses after a three-dose schema of BNT162b2 vaccine in patients receiving anti-CD20 monoclonal antibody maintenance treatment for B-cell lymphomas. Haematologica 2021