Une avancée majeure pour la qualité de vie des patients. Une étude clinique vient de démonter qu’il n’y a pas de bénéfice à traiter les patients atteints d’un cancer différentié de la thyroïde par iode radioactif(1) après une chirurgie. Une simple surveillance suffit, permettant ainsi une désescalade thérapeutique. L’objectif est de permettre de diminuer les effets secondaires occasionnés par les traitements, d’améliorer la qualité de vie des patients et de réduire les coûts de santé.
En France, environ 4 000 nouveaux cas de cancer de la thyroïde sont diagnostiqués chaque année, dont 75 % chez des femmes (âge moyen 50 ans). Relativement rares, leur fréquence augmente essentiellement à cause d’un plus grand dépistage. Ils sont généralement de bon pronostic.
Sous l’impulsion de l’équipe de cancérologie endocrinienne du Centre de Lutte Contre le Cancer Gustave Roussy dirigée par le Pr Martin Schlumberger, le réseau des tumeurs rares TuThyRef auquel participe activement le Centre de Lutte Contre le Cancer Centre Henri Becquerel, deux études majeures ont été menées faisant chacune l’objet d’une publication dans le New England Journal Of Medecine, le journal de référence mondial en santé :
- Estimabl1(2)
Une 1ère étude randomisée a montré que dans les cancers thyroïdiens de moins de 2 cm (quel que soit l’état ganglionnaire N0 ou N1) ou de moins de 4 cm sans envahissement ganglionnaire (N0), il était possible de réduire d’un facteur 3 la quantité de radioactivité administrée au patient, avec une efficacité identique à 3 ans et avec une amélioration de la qualité de vie des patients recevant de la rhTSH avant l’administration d’iode radioactif. La durée d’hospitalisation étant de fait réduite de 4 à 2 jours. Cette équivalence d’efficacité a ensuite été montrée avec un recul de 5 ans (Schlumberger, Lancet Endoc 2018), de même que l’efficacité médico-économique et l’impact sur la qualité de vie (Borget, JCO 2015).
- Estimabl2(3)
Compte-tenu des résultats encourageants, la recherche s’est poursuivie par une nouvelle étude randomisée (Dr Leboulleux). Celle-ci vient de montrer, chez 730 patients ayant un cancer thyroïdien différencié de moins de 2 cm, qu’une simple surveillance avait une efficacité identique à un traitement par iode radioactif. Grâce à cette étude les patients ayant ce type de cancer n’auront donc plus besoin d’être hospitalisés, ni de recevoir un traitement par iode radioactif. Ils se verront proposer une simple surveillance.
(1) Traitement par iode radioactif (iode 131) est employé pour traiter le cancer de la glande thyroïde. Il s’agit d’une capsule que l’on prend par la bouche. Ce traitement nécessite une hospitalisation de trois à 5 jours.
(2) Estimabl1 : étude prospective randomisée de phase III multicentrique Estimabl1 réalisée sur 752 patients (Schlumberger, N Engl J Med 2012 May 3 ;366(18) :1663-73)
(3) Estimabl2 : étude prospective randomisée de phase III multicentrique réalisée sur 730 patients (Leboulleux, N Engl J Med 2022 mar 10 :386(10) :923-932)